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05 décembre 2009

Constat: Images de l'incompétence à Port-au-Prince

En cette fin du mois de novembre 2009, voici le décor de certaines rues de la ville de Port-au-Prince tel que constaté par le journal Le Nouvelliste dans son édition du 24 Novembre 2009.

L'espace qui devrait être utilisé pour la construction d'une place publique accaparé à nouveau par les petits marchands

Les marchandes reprennent leur place devant la Cathédrale.

Une pile d'immondices rend quasiment inaccessible la circulation automobile à la rue du Magasin de l'Etat

La situation est pareille dans d'autres rues avoisinantes

Le décor de l'angle des rues du Magasin de l'Etat et Bonne Foi. Où est passé le SMCRS?

Un extrait de l'article de Valery Daudier.
Les interventions sporadiques de la Mairie de Port-au-Prince ces derniers mois n'ont pas changé la physionomie des rues du centre-ville, échappées depuis quelque temps à son contrôle. Et, avec les dernières offensives menées contre les petits commerçants installés devant la Cathédrale de Port-au-Prince, on peut avancer que les fruits n'ont pas tenu la promesse des fleurs. Les marchands qui s'y étaient installés reprennent place en toute quiétude. Alors qu'après cette offensive, la construction d'une place publique sur le terrain adjacent à la cathédrale avait été annoncée par les responsables de ladite mairie.

La réponse de la Mairie de Port-au-Prince
« Effectivement, c'est une place publique que nous allions construire sur l'espace accaparé par les marchands, mais le manque de moyens ne nous permet pas de concrétiser ce projet, indique un cadre du service de communication de la Mairie. Nous allons faire la demande très bientôt auprès du gouvernement central afin de nous aider à atteindre cet objectif et lancer parallèlement la construction du marché qui a été incendié », poursuit-il, soulignant que les taxes perçues par la Mairie ne permettent pas de « réaliser tous ces projets ».

Pour lire tout l'article

25 novembre 2009

Opinion: La palabre comme projet politique

La parole, dépendamment de qui la prononce, produit de la matérialité. Elle est capable de se matérialiser. Quand le Maire, le Pasteur, l’Officier d’Etat Civil s’adresse à vous et vous dit : « je vous déclare mari et femme », cette parole est performative. Vous devenez réellement mari et femme. Alors que même si vous aviez voulu le devenir, si c’est moi qui vous dis que je vous fais mari et femme, vous ne risquez pas de l’être pour autant. Ça c’est la performativité du discours instantané provenant d’une personne dotée de l’autorité adéquate. Mais le discours social est aussi performatif. Il participe du procès des représentations que la société se fait d’elle-même (par exemple, la manière dont elle se voit), ce qu’elle dit d’elle-même et du monde.

La performativité du discours pris dans ce second sens fait qu’un discours qui a pour objet le chaos finit par produire à moyen et à long terme du chaos. Dans le cas d’Haïti, lorsque les médias étrangers mais aussi haïtiens discourent sur sa « mocheté », on finit par ne voir, n’imaginer qu’une Haïti laide. Quand on parle d’Haïti on ne pense pas à la citadelle ou à Labadie mais à Cité Soleil. Haïti devient laide pas parce qu’elle est laide en soi, mais parce qu’elle est ainsi vendue. A l’inverse, quand on parle de Paris on ne pense pas à Barbès mais à la tour Eifel, à l’avenue des Champs Elysées.

Des gens de ma génération qui ont grandi avec en permanence le discours médiatique faisant croire que ce pays n’ira nulle part, avec le présupposé implicite que seul l’étranger pourvoira le bonheur, finissent par intégrer le fait que le pays n’ira nulle part.

Lorsqu’on fait croire que faire de la politique n’est autre chose que le dessouchage (dechoukay) réel ou symbolique, les hommes politiques, médiatiques, etc. finissent par se convaincre (et convaincre les autres) que le seul et meilleur moyen de « sauver » Haïti est d’appeler tous les matins au chambardement général.

Il n’y a pas de demande politique (formulée) qui pourrait forcer ceux/celles qui ont le pouvoir politique à construire. Demande constructive, portée essentiellement par une vraie opposition ou même les alliés du pouvoir, qui forcerait le pouvoir à mettre en place le Conseil électoral permanent, à enclencher un processus réel de décentralisation ; demande qui pourrait forcer le maire à s’occuper des rues, sans pour autant contester son pouvoir ou demander son départ.

Quand les demandes positives se font rares, on devient prisonnier d’un « je ne veux pas » qui finit toujours par se traduire par « tu dois partir ». Ainsi ce « tu dois partir » devient performatif, et la politique n’est plus autre chose que le dessouchage. La faiblesse institutionnelle, la voracité du pouvoir fait que désormais, il va s’attacher à s’accrocher contre cette menace, le « tu dois partir », et au-delà. La société quant à elle est toujours en proie à la menace despotique vue l’absence d’institution démocratique solide qui pourrait garantir le respect de ses droits. Ceux qui s’accrochent au pouvoir n’ont aucun intérêt à implanter ces institutions puisqu’ils savent qu'elles seraient un rempart aux dérives autoritaires. Les esprits faibles quant à eux continuent de croire qu’il suffit de virer une personne pour que tout aille bien. Ils se sont déjà trompés, ils vont se tromper et ils se tromperont. Le problème c’est qu’ils sont au font d’un puits, chacun pense que pour s’en sortir, il suffit de se tirer ses propres cheveux !

On a 50. 000 boutiques politiques qui se font appeler partis, préférant s’occuper de leur poche, ils ne font pas de politique. Leur projet politique, à part leur poche, c’est la palabre médiatique. La plupart d’entre eux ne se différencient guère. Généralement ce qui divise les partis c’est leur idéologie, chez nous, ils n’en ont pas. A part les intérêts d’un peu plus de 123 poches, on se demanderait pourquoi ne se réunissent-ils pas pour former UN véritable parti politique qui ferait contrepoids aux éventuelles dérives du gouvernement. Ils crient qu’ils veulent du multipartisme. Oui, moi aussi. Mais multipartisme n’est pas « multishopisme » ou « multiboutiquisme ».

S’il peut-être dangereux de savoir que le pouvoir est l’objet d’un parti unique, tout le monde applaudirait s’il y avait un parti unique en face du gouvernement. S’ils ne veulent vraiment pas que le gouvernement fasse un parti unique, pourquoi ne font-ils pas un ou deux partis uniques de leur cotés ? Le plus absurde dans tout ça est que le gouvernement a su réunir nos Casecs pour soi-disant former son parti unique. Mais ces Casecs-là n’ont-ils pas été élu sous des bannières politiques différentes ? La bonne question est comment se fait-il que des élus d’un parti politique puissent prétendre entrer dans le parti du Président ? Où sont leur partis, qu’est-ce qui les lie avec leur parti ?

Quand les partis n’ont pas d’idéologie, ce qui lie les membres entre eux ce sont des intérêts de poches et de ventre. Et dans ce cas là les élus se prostituent au plus offrant. Toutes ces tragédies devraient conduire l’ensemble de la classe politique à mener des réflexions sur lui-même, sur le sens de ses activités. Mais cela ne se fera pas parce qu’ils n’ont pas de projet politique à part la palabre médiatique usée et leurs poches. Certains vont attendre l’élection présidentielle pour faire des alliances électoralistes, après l’élection la configuration politique restera la même. Et on continuera de pleurnicher du risque immanent de la dictature….

{à suivre}
Renald LUBERICE
Québec, 23/10/2009

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